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Gouvernements à louer

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Bonne fête du Travail, chers lecteurs et chères lectrices! Heureuse de vous retrouver en nos pages et sur le blogue.

J’espère que vous avez passé un bel été et que vous prendrez vos vitamines pour passer à travers l’automne politique qui s’annonce particulièrement houleux.

De retour de vacances, force est de constater, à nouveau, que l’été politique, lui, n’a résolument pris aucun congé au Québec.

Comme anticipé, la lutte politique et syndicale autour des régimes de retraite prend de l’ampleur. Le tout, n’étant en fait qu’un avant-goût des compressions budgétaires qui, d’ici quelques mois à peine, s’annoncent massives sous le gouvernement Couillard.

Et que dire d’Yves Bolduc? Que dire d’un ministre de l’Éducation qui ne se formalise pas d’un accès déficient aux livres dans nos écoles? Un seul mot vient à l’esprit: pitoyable.

***

L’homme à la prime dorée

Et donc, cet été, le docteur Bolduc aura provoqué à lui seul deux tempêtes politiques sur deux fronts distincts. Une première sur sa prime de médecin lorsqu’il était député d’opposition. La seconde sur sa remarque proprement irresponsable sur le manque de livres dans plusieurs écoles québécoises. Dixit le savant ministre: «Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres (dans les bibliothèques)».

Les deux tempêtes obligeant bien évidemment son patron de premier ministre à l’obliger à s’excuser. Des excuses qui, dans les faits, ont tellement sonné faux qu’elles ont plutôt alimenté lesdites tempêtes.

L’homme à la prime dorée de 215 000 $ et au jugement faiblard sur des questions pourtant fondamentales, je persiste et signe, est et sera un boulet politique lourd à porter pour Philippe Couillard.

Que le premier ministre s’entête à protéger Yves Bolduc alors que son incompétence à l’Éducation crève les yeux est un choix risqué. Très risqué. Pour le premier ministre, bien sûr. Mais surtout pour le système d’éducation lui-même.

Le docteur Bolduc est-il un Gaston Lagaffe ou un nouvel Inspecteur Clouseau? Mystère et boule de gomme…

Sur le ton de la dérision, Jean-René Dufort nous offre d’ailleurs ici (2) tout l’éventail des déclarations saugrenues du ministre sur le sujet des livres et de la lecture.

***

Ça se corse en Écosse…

En Écosse, l’été politique est carrément enlevant. Alex Salmond, chef du Oui et premier ministre écossais, avait échappé son fromage rhétorique lors du premier débat l’opposant à Alistair Darling, chef du Non et élu de Westminster.

Or, la semaine dernière, coup de théâtre. Les sondages suivant leur deuxième débat donnaient Salmond gagnant de cette joute à plus de 70 %.

Y a-t-il un lien de cause à effet? Un sondage majeur et tout récent sur les intentions de vote au référendum du 18 septembre sur l’indépendance de l’Écosse donnait le Oui à 47% et le Non à 53%. Une lutte qui continue à s’annoncer nettement plus serrée et corsée que ce à quoi les «experts» s’attendaient. À suivre.

***

Chefferie au PQ : avis de recherche

De retour de notre côté de l’Atlantique, l’atmosphère est nettement plus lourde dans la grande famille souverainiste de plus en plus dysfonctionnelle.

Après sa défaite historique du 7 avril dernier, au Parti québécois, la course à la chefferie s’enclenche sourdement, mais sûrement. En tête de file, Pierre Karl Péladeau devient la cible de ses adversaires possibles. Pendant que d’autres candidats plus-que-possibles se ruent sur les caméras et les micros, il se fait discret à l’extrême. Peu porté à l’improvisation, le candidat vedette donne plutôt l’impression de se préparer avec minutie.

Une chose est sûre: l’homme est craint des autres candidats potentiels. Est-ce à tort ou à raison? Les prochains mois sauront le dire. En attendant, la course s’annonce définitivement musclée. Mais le sera-t-elle aussi sur le plan des idées? Voilà la vraie question.

Il y aura amples occasions d’y revenir sur ce blogue et dans mes chroniques.

***

Bloquer le Bloc?

Pendant ce temps, au Bloc, c’est sauve-qui-peut. Le nouveau chef Mario Beaulieu ne compte plus les poignards politiques dont il est l’objet privilégié.

J’y reviendrai cette semaine.

***

L’ultime « ex »

Pendant que ça grouille et grenouille dans la «famille» souverainiste, impossible d’ignorer le documentaire Nation sur Lucien Bouchard.

Une longue entrevue, dans les faits, où se confie l’ancien chef-fondateur du Bloc, ex-chef péquiste, ex-premier ministre du Québec, ex-ambassadeur canadien à Paris, ex-secrétaire d’État du Canada sous Brian Mulroney, ex-père spirituel de l’Accord du lac Meech, ex-leader des Lucides, ex-président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, etc.

L’homme fascine encore et toujours. C’est indéniable. Du moins, dans les médias qui l’ont couvert à l’époque, de même que dans une classe politique où on trouve encore plusieurs de ses «ex» collègues.

Bref, même si bien des plumes en ont déjà fait leurs propres exégèses, vous me permettrez d’y revenir aussi en temps et lieu.

***

Se noyer dans notre argent

Et comment passer sous silence ce «détail» de l’été politique: le Conference Board prévoit des déficits provinciaux cumulés qui pourraient totaliser plus de 170 milliards de dollars d’ici 20 ans pendant que le gouvernement fédéral pourrait engranger d’ici là des surplus budgétaires de 109 milliards de dollars.

À ce compte, on ne devrait plus parler en termes de déséquilibre strictement «fiscal», mais aussi en termes de déséquilibre politique et idéologique.

***

Un traitement honteux des animaux

Sur une autre note, cet été a donné lieu, encore une fois, à une énième histoire d’horreur quant au traitement honteux des animaux au Québec.

Cette fois-ci, le Journal de Montréal rapportait cette histoire dégoûtante d’une usine à cruauté où le gouvernement laisse souffrir et crever des visons et des renards d’«élevage» sous prétexte que cette «catégorie» d’animaux ne requiert pas de permis. Ou encore, que de saisir des animaux sauvages, eh bien, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, nous dit sans rire que c’est bien, bien compliqué…

On savait déjà que la déresponsabilisation est devenue une marque de commerce dans notre société. Et ce, jusqu’aux échelons les plus élevés. Les animaux qu’on laisse souffrir en toute impunité en sont un exemple scandaleux parmi d’autres.

Et voilà qu’on apprend maintenant que ce même ministère coupe à la hache dans son personnel. «Équilibre budgétaire» obligeant supposément…

***

Gouvernements à louer

Pour ce premier billet de la rentrée, je retiendrai tout d’abord ceci.

Au cas où on ne l’aurait pas remarqué, les rencontres du Conseil de la fédération (CF) réunissant chaque année les premiers ministres provinciaux, sont en fait commanditées par le secteur privé.

Cette pratique aberrante sur le plan de l’éthique n’est pas nouvelle pour le CF. Au point où l’an dernier, Democracy Watch – une organisation pancanadienne et non partisane préconisant l’imputabilité, l’éthique et la transparence chez les gouvernants et les entreprises -, la dénonçait vertement. Mais la chose semble n’intéresser personne.

Comme quoi, les gouvernements ne se vendent pas, mais certains, de toute évidence, peuvent en louer l’accès privilégié puisque les commandites, selon La Presse, donnent droit à deux repas avec les premiers ministres. Un de ces deux repas a lieu sans la présence des médias.

Sur le site du Conseil de la Fédération, il est d’ailleurs facile de trouver la liste des commanditaires de la réunion de cette année (1), laquelle avait lieu la semaine dernière à Charlottetown. On y voit aussi les différents «niveaux» de privilège que les commandites achètent aux commanditaires.

Ainsi, on trouve les niveaux «Pères de la Confédération» – ça ne s’invente pas -, Platine, Or et Argent. Parmi cette liste prestigieuse du privé, on voit des Bell, Manulife, Canadian Tire, Labatt, Merk, Target, Coca-Cola Canada, Johnson & Johnson, Shopper’s Drugmart, Loblaw, la pétrolière TransCanada, et d’autres. On y trouve aussi, ce qui détonne, le Congrès du travail du Canada.

Selon le Globe and Mail, le total des commandites pour cette rencontre politique dépasserait les 500 000 $ pour une fourchette allant de 5000 $ à 150 000 $ la commandite.

Dans la catégorie «incroyable, mais vrai», en entrevue à La Presse, le premier ministre et président du Conseil de la fédération, Robert Ghiz, offre ceci en guise d’explication: «Ces réunions coûtent beaucoup d’argent. Je crois que c’est une occasion pour les organisations canadiennes qui vivent dans une démocratie de donner quelque chose pour permettre aux premiers ministres d’avoir une réunion. Ça fait épargner les contribuables. Sans les commandites, les Canadiens diraient que ça coûte trop cher.»

On a beau avoir vécu la commission Gomery. On a beau savoir que les commissaires à l’éthique des parlements sont pour la plupart des tigres de papier.

On a beau être en pleine commission Charbonneau, les gouvernements provinciaux, de toute évidence, n’ont pas encore compris.

Ils ne voient aucun problème éthique à rendre leurs premiers ministres et leurs entourages particulièrement accessibles à des intérêts privés lors de réunions politiques.

C’est à y perdre son latin.

Quant à l’«explication» de Robert Ghiz, les bras nous en tombent carrément.

Aveugle aux dangers pourtant évidents de placer les premiers ministres en situation potentielle de conflits d’intérêts ou d’influence indue, cette «explication» est aussi farfelue que spectaculairement inquiétante.

Le Canada n’est tout de même pas un pays du Tiers-Monde. Non seulement les gouvernements provinciaux peuvent se payer des réunions politiques, mais sur le plan éthique, ils doivent le faire. Ça devrait pourtant tomber sous le sens.

Mais ils ne le font pas…

Ce qui ne va pas sans rappeler une boutade du duo québécois d’humoristes, Sexe Illégal. Quitte à la paraphraser, j’avais retenu celle-ci lors d’un spectacle auquel le duo participait en 2012: «C’est scandaleux que les parlements appartiennent au privé. On devrait nationaliser ça!»…

Une idée brillante…

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(1) http://www.councilofthefederation.ca/en/meetings-events/71-2014/359-summer-meeting-august-26-30-2014-charlottetown-prince-edward-island (2) https://soundcloud.com/iciradiocanadapremiere/yves-bolduc-notre-tresor-national-infoman-a-cest-pas-trop-tot?utm_source=soundcloud&utm_campaign=share&utm_medium=twitter


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